Histoires courtes d'une éducatrice canin/ Paulette et Biper le berger allemand
Etude de cas
Dans ces billets, je vous relaterais un de mes accompagnement auprès d’un(e) client(e) et de son chien(nne) ou chiot. Je vous expliquerais ses difficultés, les difficultés du chien ensuite les solutions que nous mettons en place et enfin le résultat final.
L’objectif avoué de ces billets est de pouvoir vous aider aussi si vous rencontrer la même problématique.
Ce sont des histoires vraies, seuls les noms et lieux changent par respect de la vie privée de mes client(e)s. De fait vous pourrez forcément y puiser une inspiration ou une solution concrète à votre difficulté.
Pour chaque histoire, je vous indiquerais les thèmes abordés, cela vous permettra de cibler vos lectures ou vos écoutes.
Ces histoires seront disponibles ici sur mon blog et ici en podcast.
Bonne lecture
Bonne écoute
thèmes abordés :
- Les étiquettes que l’on colle à nos chiens et leurs conséquences (ici dominant et agressif)
- Gestion de l’excitation
- Agressivité
- Marche en laisse
- sauts à l'accueil
En cette fin d’année, je suis appelée par la fille de Paulette qui m’explique que sa maman a quelques difficultés de gestion de l’excitation et de la marche en laisse avec son berger allemand de 1 an 1/2. Elle ont aussi un peu peur qu’il puisse être agressif et donc dangereux.
Je me rend alors au domicile de Paulette et Biper.
A mon arrivée, je découvre un beau bébé ! Biper est un sacré morceau, très massif et Paulette une petite dame d’environ 65 ans.
Voici le contexte, Paulette et son mari habite une maison un peu reculée et on toujours eu des chiens type malinois ou berger allemand. Elle n’en est donc pas à son coup d’essais mais c’était plutôt son mari qui gérait les chiens avec des méthodes coercitives.
Aujourd’hui le mari de Paulette est hospitalisé depuis plusieurs mois, c’est donc Paulette qui a du prendre en main l’éducation de Biper. Sur les conseils de son mari elle se rend au club canin le plus proche .
Alors, avant que je ne reçoive tout de suite une salve de cailloux, je n’ai rien contre les clubs canins, il y en beaucoup qui sont très biens mais ils se trouve que celui que Paulette a fréquenté applique encore des méthodes coercitives et vous allez comprendre que cela peut mener à des situations dangereuses !
Lorsqu’elle arrive dans ce club, avec son petit chiot de 3 mois, bien inoffensif on lui demande le pedigree de son chien, elle fournit les papiers et là on lui dit « olala, attention, vu sa lignée, ce chien va être agressif ! Il faut tout de suite prendre le dessus, le matter ! » (veridique, je transcris littéralement ses mots...oui, ça existe encore ce genre de discours)
A partir de là, c’est parti pour toutes les contraintes physiques possibles dés son plus jeune âge. Faites entrer : le collier étrangleur, bien sûr, les grands coups de saccades sur la laisse si il dépasse l’humain auprès duquel il marche, les pendaison au collier si il s’excite un peu et on finit avec le collier électrique !
Ça c’est la souffrance qui est infligée à Biper.
Mais en parallèle Paulette est dans la même détresse que son chien, on lui a dit qu’il allait devenir agressif, elle en a maintenant peur. On lui demande d’agir d’une manière qui ne lui ressemble pas, elle ne veut pas faire souffrir son chien mais c’est eux les « pro » , elle se dit qu’ils doivent avoir raison, ils ont l’expérience, elle fait confiance...
Au fur et à mesure, elle observe que son chien devient de plus en plus méfiant vis à vis d’elle, lorsqu’il a le collier électrique et qu’elle approche sa main de la télécommande, il l’a fixe en grognant (pas bête le chien!). Dans la maison elle ne peut plus le caresser il s’échappe, il l’évite. Quand elle finit par pouvoir le caresser elle sent qu’il est tendu et elle s’en effraie un peu (normal!)
Ça c’est la souffrance infligée à Paulette.
Leur relation est donc à ce moment là basée sur une méfiance et une incompréhension réciproque...
Et là, au moment où les choses deviennent critiques … confinement ! Le club ferme.
Paulette cesse petit à petit de faire ce qu’on lui disait, elle enlève le collier électrique.
Elle n’emmene plus Biper une fois par semaine dans un endroit ou on le mal traite et elle sent qu’il se détend un peu.
Au bout de quelques semaines, elle observe qu’il se laisse à nouveau approcher par elle plus facilement, alors elle comprend qu’elle doit faire autrement mais certaines situations tendues subsistent.
C’est à ce moment que j’interviens.
Les difficultés majeurs sont
- La gestion de son excitation à l’arrivée d’invités et de ses petites filles en bas âge.
- Son attitude « menaçante » quand on lui demande de se calmer lorsqu’il s’excite sur quelque chose (brouette bruyante, laisse…) ou de cesser un comportement.
- La marche en laisse pour les promenades
Après mon bilan comportemental, j’observe que :
- Biper est un chien qui analyse et agit beaucoup en fonction de l’émotion de la personne en face (c’est souvent le cas). Lors de ma 1ere arrivée, par exemple il ne m’a pas sauté dessus, ce qui apparemment, n’arrivait jamais, mon émotion, mes intentions et mes postures y sont sûrement pour quelque chose.
1ère piste de travail : éduquer les gens qui se présentent sur les bonnes attitudes à avoir pour ne pas déclencher Biper.
2ème piste de travail : donner de la valeur au sol pour maintenir les pattes de Biper au sol.
Comment ? En distribuant des friandises au sol lors de l’arrivée de visiteurs et en le félicitant calmement de son interet pour le sol et non pour les gens.
3éme piste de travail : donner de la valeur à Paulette, qui appellera Biper, lui demandera de rester près d’elle et le récompensera avec un ratio élevé au départ puis travaillera la durée en diminuant son ratio et en utilisant un mot précis
4ème piste de travail : on laisse la possibilité à Biper d’interagir avec les visiteurs une fois calmé.
- Biper n’est pas agressif mais a gardé en mémoire les sévices fait par l’humain il cherche le contact mais a besoin d’être en confiance. Il a besoin que l’on respecte son rythme dans la rencontre.
Piste de travail : expliquer aux visiteurs de ne pas tenter de caresser Biper tout de suite, lui laisser le temps de les sentir et n’approcher la main que lorsqu’il vient au contact. Si cela est respecter Biper se détend et le risque est écarter. Il se couche ensuite tranquillement.
- Biper a du mal à gérer son excitation car il oscille entre curiosité du nouveau venu et appréhension, plutôt que de traduire cet état paradoxal par une mise à distance de l’individu (aboiement, agression), il l’exprime par l’excitation (ce qui confirme qu’il n’est pas agressif et tant mieux vu le gabarit!).
Il en est de même lorsqu’on le réprimande (merci les coups de saccades, pendaisons au collier et autres horreurs subit au club), il comprend mais appréhende la sanction physique, du coup la peur prend le dessus et le cerveau s’éteind pour laisser place à l’instinct de survie.
1ere piste de travail : lui redonner total confiance en Paulette. Elle peut demander de cesser un comportement (comme aboyer sur la brouette ou mordre la laisse ) mais ne portera jamais atteinte à son intégrité physique.
Comment : on sort la brouette, on n’attend pas que Biper se mette à aboyer, mais dés qu’il regarde la brouette, on lui demande de laisser, on récompense le moindre petit détournement de sa part.
Si c’est trop tard, on stoppe la brouette, on demande à Biper de laisser , on attend quelques secondes pour qu’il analyse et dés qu’il arrête d’aboyer on récompense généreusement.
Ainsi Biper va modifier l’association du « arrête de faire ce que tu fais » avec sinon tu vas souffrir physiquement crée par les methodes coercitives contre « arrête de faire ce que tu fais » ainsi il va t’arriver quelque chose d’agréable, récompense sociale et/ou alimentaire.
On modifie ainsi son émotion et donc sa réponse.
Même travail avec le mordillement de la laisse.
- Biper se met en traction immédiate dés que paulette lui met la laisse et Paulette lui réponds par des coups de saccades et volonté de le maintenir au pied ! Paulette a peur de ne pas le maitriser.
1ere piste de travail : enlever le collier étrangleur (il était resté lui…) pour passer sur un collier plat normal.
2ème piste de travail : expliquer à Paulette qu’il faut qu’elle se détende, que le haut de son corps se détente et qu’elle prenne bien appuis sur ses jambes et surtout qu’elle cesse de mettre des coups de saccades.
3ème piste de travail : passer de 1m de laisse à 3,50 m, la conforter dans le fait qu’une balade collé au pied de son maître sans possibilité de sentir quoique ce soit, c’est une balade sans intérêt pour Biper.
Mais au fond d’elle, elle le savait Paulette, seulement des « pros » lui ont dit qu’il ne devait jamais la dépasser ! Alors elle galère…
Mais Paulette elle est top ! Tout ce que je lui explique ça lui parle, beaucoup plus que le dominer ! Et de fait elle modifie très rapidement et facilement ses comportements. Pour la marche en laisse le changement de comportement du chien a été immédiat ! Plus de tension, un chien qui marche tranquillement devant nous, nez au sol et une Paulette tout émerveillée de pouvoir se promener avec lui sans se battre !
Elle va pouvoir reprendre les grandes balades qu’elle avait abandonné par peur de ne pas pouvoir tenir son chien, peur de la chute pour elle et de ne plus supporter de le voir s’étrangler.
Pour le reste les changements opèrent de jours en jours et leur relation ainsi que les excès de Biper s’apaisent.
C’est beau à voir !
C’est une histoire qui a mal commencé mais qui fini bien !
Ce qu’il faut retenir c’est que coller une étiquette sur son chien (agressif, nerveux, mauvais, débile, dominant, soumis,etc...) ou accepter que d’autres lui en colle une est la pire chose à faire !
Observer son chien au jours le jours et se questionner pour savoir comment répondre à ses différents comportements permet de trouver des solutions efficaces et objectives et respectueuses.
J'éspère que ce récit vous a plu et aider.
A trés vite pour une prochaine histoire courte d'éducatrice canin
Fabienne Clé des chiens
留言